Je me targue d’avoir beaucoup de capacité pour tout, mais cet été, j’ai frôlé la limite. Ce n’est pas tout à fait mon point de rupture, mais j’ai eu l’impression de m’en approcher.
Je me heurtais à des murs sur tous les plans… mental, émotionnel et physique.
Je me suis rendu compte, mais au fond je le sais depuis un certain moment si je me dois d’être honnête avec moi-même, que j’encombre ma vie. Tout simplement!
Qu’il soit question de :
- trop de réunions par jour, trop de sujets par réunion
- trop de choses dans mon cerveau, que je conduise, que je sois au petit coin, que je fasse la queue… il… faut… remplir… le cerveau… davantage!
- trop d’activités pendant les vacances
- trop de sujets dans ce billet de blogue
Peu importe. J’essaie constamment d’en faire le plus possible à chaque seconde de chaque jour. Un sentiment d’urgence qui s’explique en grande partie par ma profonde compréhension et ma grande conscience que la vie est brève et que la voie qui s’ouvre devant moi est bien courte.
Cet état d’esprit me tue à petit feu.
Et pour rajouter une couche à cette mauvaise habitude, nous nous sommes retrouvés devant de nouveaux défis de taille. Nous avons ajouté 5 membres à notre équipe à Montréal. Nous avons acquis une société de développement Web à Philadelphie, qui s’est accompagnée de toute la joyeuse logistique liée à la constitution d’une société et à l’exercice de ses activités aux États-Unis. Nous avons acquis et intégré notre plus gros client à ce jour.
Beaucoup d’emmerdement, je peux vous le dire.
Combinez donc une croyance aveugle selon laquelle « plus on en fait, plus c’est mieux » avec un afflux d’éléments circonstanciels supplémentaires et vous vous retrouvez avec un système « en surcharge ».
C’est là que j’ai eu la révélation.
Alors que j’étais parti voir ma fille cadette jouer au football drapeau à Philadelphie, j’ai reçu un mot de l’une des membres de mon équipe de raid multisport de 24 heures (oui, j’ai aussi décidé de m’entraîner pour une course de 24 heures pour faire bonne figure), me disant qu’elle avait dû abandonner parce qu’elle avait des problèmes de santé et qu’elle devait écouter son corps.
Ma première réaction a été catégorique. Il faut être à l’écoute de son corps. Sage décision!
Attendez une minute… elle a peut-être raison. Si elle peut être à l’écoute de son corps, est-ce là quelque chose que je peux aussi me permettre? Sans réfléchir, mon corps répondait viscéralement et indéniablement par l’affirmative.
Ce matin-là, assis à la table du déjeuner à l’hôtel avec mon père, je lui ai dit :
Je pense que j’ai besoin de me retirer de ma propre course. Il m’a regardé avec un sourire ironique et m’a dit : Je pense qu’il s’agit là d’une décision réfléchie. Il faut faire des concessions.
Avec la sagesse de mon père et mon corps tout entier qui me criait dessus, la permission m’avait été accordée. Le courriel de mon amie a été l’étincelle qui m’a permis de me donner la grâce nécessaire pour reconnaître et accepter mon humanité et me permettre de commencer à retirer de ma vie ce qui, au lieu de créer de la joie et de l’enthousiasme, ne fait que créer un sentiment plus profond d’accablement.
Sans aucune exagération, j’ai pleuré cette décision pendant 2 ou 3 jours. C’est alors que j’ai réalisé que j’abandonnais un voyage de 7 à 8 ans.
Ce qui a commencé comme une course Spartan d’une heure s’est transformé en une course de 2 heures, puis de 5 heures et enfin de 14 heures. La course s’est ensuite transformée en une course de triathlon (demi-Iron Man/Iron Man) avec un marathon entre les deux. Puis elle s’est développée pour donner lieu à mon premier raid multisport de 24 heures l’année dernière. (En réalité, il s’agissait de 26 heures et de 20 minutes, mais qui tient compte?)
Je m’étais en partie défini par le fait que je ferais chaque année quelque chose de plus long et de plus fou pour voir jusqu’où je pouvais aller. En fin de compte, c’est du moins ce que je me suis dit, j’ai fait toutes ces choses pour voir qui je deviendrais en cours de route.
Il s’avère que je suis, comme nous tous, capable de grandes choses. Mais je suis aussi capable de m’exténuer en cours de route.
Il est grand temps de se construire une voie plus saine, de retirer tout un tas de trucs de la valise et d’essayer de ne faire qu’un seul voyage à la fois.
Il se trouve que si je laisse tomber certains des éléments pesants que je porte, non seulement le poids de ces derniers s’estompe, mais mes mains se libèrent pour façonner une nouvelle réalité.